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Édition 2013

L’idée était simple comme chou : un festival de musique qui ferait entendre et connaître celles et ceux qui en dessinent le paysage, qui permettrait aux musiciens de créer, qui porterait la musique plus près de tous. Une dizaine de villes de la Seine-Saint-Denis lui ont donné une existence, une foule d’artistes, de spectateurs, de partenaires et d’équipiers ont guidé sa trajectoire, pour que l’histoire continue de s’écrire et la musique de s’inventer.

Foin de lauriers ou de beaux souvenirs, le programme de cette édition anniversaire poursuit l’aventure, délibérément tourné vers l’avenir. En explorant les recoins intrigants et décoiffants de la production mondiale actuelle, en conjuguant au présent et au futur les formes les plus diverses du jazz et des musiques qui s’en inspirent, il reflète l’esprit d’ouverture d’une musique profondément artisanale et humaine, l’ouverture d’esprit qui transcende les chapelles, les étiquettes et les clichés, permet les vraies rencontres et les découvertes sans prix.

Par-delà les époques, la re-création des troublants madrigaux de Carlo Gesualdo pour cinq guitares électriques par Noël Akchoté, la célébration du clochard céleste Moondog en maelstrom musical et multimédia par Sylvain Rifflet et Jon Irabagon, l’hommage sous forme de rêve dédié à Nina Simone par Meshell N’Degeocello, montrent la lumière, de retour vers le futur.

Par-dessus les frontières et les genres, la réapparition du magicien transgénique brésilien Egberto Gismonti, le nouveau départ des afro-pionniers Zamrock et Orlando Julius, le klezmer-hip-hop-funk d’Abraham Inc., les gymnopédies de Vinicio Capossela avec le blues grec, ouvrent le bal des fructueuses rencontres : Kamilya Jubran et Sarah Murcia, Aziz Sahmaoui et Niño Josele, Serge Teyssot-Gay et Khaled Aljaramani…

Au-delà des idées reçues, l’opposition entre traditions, modernité et générations vole en éclats. Les maîtres maliens de la kora Ballaké Sissoko et Toumani Diabaté n’ont jamais sonné aussi neuf, les échanges d’une saisissante liberté se font dans les deux sens, entre Bachar, Rami et leur père Marcel Khalifé comme entre les géants et les nouveaux espoirs de l’improvisation : Michel Portal, Daniel Humair, Biréli Lagrène, Tim Berne, Tony Malaby, et Vincent Peirani, Émile Parisien, Baloni, Ches Smith, Mary Halvorson, Livio Minafra, The Rich Tailors, Take Five Europe…

Loin des repères et des balises émergent des rencontres du troisième type, le Surnatural Orchestra avec Camille Boitel, le mix free-musette-zulu-jazz de Big Time, l’éthio-crunch-music de uKanDanz, et nombre d’exceptions indispensables pour modifier les règles : l’affranchi Paolo Angeli, les illuminés Dead Combo, l’insaisissable Yom, l’incroyable psychétropicalisme des Colombiens Meridian Brothers. Le verbe tranchant  du rappeur Rocé, L’Enfer de Dante et ses péchés capitaux version hip-hop par Soweto Kinch et le big band d’as du scratch de DJ Grazzhoppa
avec Marie Daulne et Mike Ladd, remettent la critique, la pensée et la hauteur d’âme au centre des débats.

Autour des concerts, les Actions musicales, nébuleuse de rencontres, d’ateliers, d’expériences, font résonner la richesse et la diversité du programme dans les collèges, écoles de musique,  conservatoires, centres sociaux, services jeunesse ou lycées de la Seine-Saint-Denis, offrant au public, jeune et moins jeune, de multiples occasions de découverte, de participation et de collaboration avec les artistes programmés. Improvisation, hip-hop, rebétiko, chants et danses zoulous, musique arabe… Total Jazz, comme disait l’album du dessinateur Blutch, qui s’est mis sur son trente-et-un pour une «photo» de famille en clin d’oeil au festival : Happy trentième Banlieues Bleues !

Xavier Lemettre, Directeur de Banlieues Bleues

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